En Suisse, la place des thérapeutes complémentaires dans le système de santé est clairement définie, encadrée et reconnue.
Contrairement à la France, où les termes « médecine douce », « alternative » ou « complémentaire » sont souvent utilisés de manière floue, la Suisse a fait le choix d’une structuration officielle.
De la formation au diplôme fédéral, cet article vous éclaire sur ce que signifie être thérapeute complémentaire en Suisse aujourd’hui.
Table of Contents
ToggleUne reconnaissance populaire… puis institutionnelle
Tout commence en 2009, avec un vote sans appel : plus de 67 % des Suisses disent « oui aux médecines complémentaires » lors d’une initiative populaire.
Ce soutien massif ouvre la voie à un travail collectif, soutenu par la Confédération, qui débouche en 2016 sur la création d’un Diplôme fédéral de Thérapeute Complémentaire.
Ce diplôme est aujourd’hui placé au même niveau que d’autres professions de santé comme les physiothérapeutes ou les infirmiers, dans le système de validation suisse.
Thérapie complémentaire ≠médecine alternative
La thérapie complémentaire ne se substitue pas à la médecine classique : elle la complète.
Elle peut accompagner une personne en amont, en parallèle ou en aval d’un traitement médical.
Elle repose sur une approche holistique et incarnée de la santé, où le corps, l’âme et l’esprit sont en interaction constante.
Le thérapeute ne soigne pas « à la place de », mais accompagne la personne dans ses propres ressources d’autorégulation, de conscience et d’équilibre.
22 méthodes reconnues, un tronc commun partagé
La Thérapie Complémentaire regroupe aujourd’hui 22 approches, allant de la fasciathérapie à la réflexologie, en passant par le shiatsu, la kinésiologie, le rolfing ou encore la thérapie craniosacrale.
Toutes partagent une même base de formation appelée « tronc commun », qui inclut :
-
une vision intégrative de la santé et de l’humain,
-
l’apprentissage de la relation thérapeutique,
-
des bases médicales (anatomie, physiologie, pathologie),
-
des outils de communication, d’éthique, de gestion et de sécurité.
Chaque praticien est en outre formé et certifié dans une méthode spécifique.
👉 Voir la liste des méthodes reconnues sur le site de l’OrTra TC
Une thérapie du corps, par le corps
Le point commun de toutes ces méthodes ?
Elles prennent le corps comme point d’entrée, que ce soit par le toucher, le mouvement, la respiration ou l’énergie.
Le corps devient ici boussole et partenaire. Il n’est pas seulement un objet à réparer, mais un espace vivant, sensible, capable de transformation.
Le thérapeute complémentaire accompagne ce processus :
il écoute, ajuste, entre en dialogue avec ce que le corps exprime… parfois au-delà des mots.
Une posture : accompagner, pas prescrire
En Suisse, le terme « patient » est réservé aux professionnels de santé.
Le thérapeute complémentaire travaille avec un client, dans une logique d’autonomisation, de responsabilisation et de co-construction du soin.
Ce changement de mot est plus qu’un détail : il reflète une posture.
Ici, on ne prescrit pas, on ne corrige pas. On accompagne un mouvement vivant, souvent inattendu, qui vient du dedans.
Une formation exigeante et professionnalisante
La formation pour devenir thérapeute complémentaire en Suisse dure au minimum trois ans à temps partiel. Elle comprend :
-
2 660 heures de formation, dont au moins 900 heures de pratique en méthode,
-
un tronc commun transversal Ă toutes les approches,
-
une phase de mise en pratique supervisée,
-
et, à terme, un examen fédéral reconnu à l’échelle nationale.
Cette structure garantit à la fois la rigueur, l’éthique et la sécurité du client.
Et la médecine alternative ?
La Suisse distingue clairement médecine alternative et thérapie complémentaire.
La médecine alternative regroupe quatre disciplines :
-
l’homéopathie,
-
l’ayurveda,
-
la médecine traditionnelle chinoise,
-
la naturopathie européenne.
Ces approches donnent accès à un Diplôme Fédéral de Naturopathe, distinct de celui des thérapeutes complémentaires, et permettant certains actes médicaux ou prescriptions (selon les cantons).
En conclusion
La santé n’est pas l’absence de maladie.
C’est un équilibre, un mouvement constant entre les plans physique, psychique, émotionnel, social.
En Suisse, la Thérapie Complémentaire permet à chacun de redevenir acteur de sa santé, en lien avec son corps et ses ressources profondes.
Un chemin d’écoute, de responsabilité, et parfois, de transformation.
👉 Lire aussi : Une méthode, un monde, un mouvement : la fasciathérapie MDB
Sources : site de l’Ortra TC ( l’Organisme du monde du travail en ThĂ©rapie ComplĂ©mentaire)
Â
Merci Marion pour ce travail très explicite et condensé sur les thérapies complémentaires.
Ton article nous permet d’y voir plus clair et de mieux comprendre en quoi consiste le travail et le cursus d’un thérapeute complémentaire.
Belle initiative, ce sujet est passionnant. En attendant vivement ton prochain article!
Sélim
Très intĂ©ressant ! Il y a plein de thĂ©rapies complĂ©mentaires que je connaissais pas donc merci de la dĂ©couverte. Et comme tu le rappelles si bien, ce genre de thĂ©rapie est un PLUS par rapport Ă la mĂ©decine traditionnelle. En France, on est très « diplĂ´mes officiels », d’oĂą la legislation peut-ĂŞtre.
Un article clair et concis à diffuser hors frontières !