Le fascia, souvent relĂ©guĂ© au rang de simple tissu conjonctif, s’avère ĂŞtre un Ă©lĂ©ment fondamental de notre organisme dont la complexitĂ© et l’importance ne cessent d’Ă©merveiller la communautĂ© scientifique. Au-delĂ de son rĂ´le de soutien et d’enveloppement des structures corporelles, le fascia se rĂ©vèle ĂŞtre un tissu actif et dynamique, impliquĂ© dans des processus aussi variĂ©s que la proprioception, la mĂ©canotransduction, ou encore l’immunitĂ©. Dans cet article, nous explorerons les propriĂ©tĂ©s fascinantes du fascia, cet acteur mĂ©connu qui se tient pourtant au cĹ“ur de notre santĂ© corporelle, unifiant toutes nos structures internes et agissant comme une vĂ©ritable interface entre mĂ©canique et biologie.
Table of Contents
ToggleUnité et globalité du Fascia
Incontestablement, la caractéristique la plus connue!
Le fondateur de l’ostĂ©opathie, Still, a mis en lumière son importance Ă la fin du XIXème siècle. Cette reconnaissance s’est encore renforcĂ©e en 2015, lorsque le chirurgien Pr Gimberteau, grâce Ă des techniques d’imagerie avancĂ©es, a confirmĂ© les observations prĂ©cĂ©dentes. Il a dĂ©montrĂ© que le fascia enveloppe, protège et relie toutes les composantes essentielles de notre organisme : les os, les vaisseaux sanguins et lymphatiques, les nerfs, les organes et bien sĂ»r, les muscles.
Le rĂ´le adaptatif du fascia est Ă©galement Ă souligner. Ă€ chaque mouvement de notre corps, il se modifie et se rĂ©ajuste pour prĂ©venir les blessures et rĂ©sister aux dĂ©formations, assurant ainsi la protection et l’intĂ©gritĂ© de toutes les structures qu’il englobe. Sa fonction est si essentielle qu’il est souvent comparĂ© Ă une toile d’araignĂ©e, illustrant sa capacitĂ© Ă transmettre des tensions d’une rĂ©gion Ă une autre.
Nous utilisons le terme « biotensĂ©grité » pour expliquer la capacitĂ© du corps humain Ă s’adapter aux contraintes en se dĂ©formant tout en gardant sa stabilitĂ©
Â
Capacité à se contracter
La capacitĂ© du fascia Ă se contracter a Ă©tĂ© mise en Ă©vidence de manière expĂ©rimentale depuis longtemps. Des thĂ©rapeutes manuels l’ont rĂ©gulièrement observĂ©e et dĂ©crite, notant des sensations de relâchement, de modification de la tension ou d’effondrement sous leurs mains lors des manipulations. C’est en 1990 que le Pr Danis Bois a qualifiĂ© cette capacitĂ© de contractilitĂ© du fascia comme une propriĂ©tĂ© fondamentale, qu’il a baptisĂ©e « dynamique contractile Ă©lastique des fascias ». Il souligne que, bien que cette contraction soit naturelle et autonome, elle peut, sous certaines influences, virer Ă une crispation, engendrant diverses pathologies comme les contractures musculaires ou les raideurs articulaires.
Les recherches actuelles identifient des cellules nommĂ©es « myofibroblastes » au sein du fascia. Ces fibres musculaires, prĂ©sentes dans diffĂ©rentes couches du fascia, permettent de maintenir un tonus et d’ajuster la tension du fascia face aux diffĂ©rentes contraintes mĂ©caniques et situations de stress. Ce tonus est crucial pour la cicatrisation, l’hydratation des tissus, la stabilitĂ© articulaire et la fonction musculaire. Il a Ă©tĂ© observĂ© que des modifications de ce tonus pouvaient ĂŞtre liĂ©es Ă diverses affections, telles que des troubles du rachis ou des cĂ©phalĂ©es de tension.
Â
Mobilité et élasticité fasciale
DotĂ© d’une remarquable mobilitĂ© et Ă©lasticitĂ©, le fascia joue un rĂ´le crucial dans le mouvement, la dĂ©formation, et l’Ă©tirement nĂ©cessaires Ă la protection et au fonctionnement optimal des organes, muscles et vaisseaux. Sa capacitĂ© d’Ă©lasticitĂ© provient de ses fibres conjonctives et Ă©lastiques.
Par ailleurs, sa nature viscoĂ©lastique est assurĂ©e par la prĂ©sence d’acide hyaluronique, un liquide produit par les fibroblastes, agissant comme lubrifiant.
Lors des contractions musculaires, les fascias, qu’ils soient situĂ©s en pĂ©riphĂ©rie ou en profondeur du tissu musculaire, glissent et se dĂ©placent les uns par rapport aux autres.
Un simple Ă©tirement peut provoquer un mouvement fascial, s’Ă©tendant de la peau jusqu’Ă l’os. Par consĂ©quent, des symptĂ´mes tels que la raideur, une amplitude articulaire limitĂ©e, une tension musculaire ou une perte de force peuvent ĂŞtre le signe d’une altĂ©ration de la capacitĂ© des fascias Ă coulisser correctement.
Le plus grand organe sensoriel du corps
Le fascia se distingue en tant que le principal organe sensoriel de notre organisme, surpassant même la peau et la langue en termes de densité de capteurs.
Sa richesse en innervation, couplée à la découverte de récepteurs sensoriels non seulement dans les fascias musculo-squelettiques, mais aussi dans les domaines viscéraux, osseux et crâniens, a établi son importance sensorielle cruciale.
La haute sensibilité de ce tissu joue un rôle prédominant dans diverses fonctions, telles que la perception de notre corps en action (proprioception), la régulation interne et la reconnaissance de soi (interception), ainsi que dans les processus relatifs à la douleur (nociception)
Il est essentiel de comprendre que le fascia est en liaison directe avec notre système nerveux. De plus, des anomalies comme les raideurs, les tensions ou les adhĂ©rences fasciales peuvent ĂŞtre Ă l’origine non seulement de douleurs corporelles, mais Ă©galement de troubles psychologiques et d’un sentiment gĂ©nĂ©ral de mal-ĂŞtre.
Interface entre mécanique et immunité
Durant de nombreuses annĂ©es, l’attention des chercheurs s’est principalement concentrĂ©e sur les cellules. Aujourd’hui, une curiositĂ© grandissante Ă©merge concernant le milieu environnant ces cellules, Ă savoir les fascias.
Lorsqu’observĂ© au microscope, le fascia rĂ©vèle un rĂ©seau tissulaire complexe, semblable Ă une toile d’araignĂ©e, qui soutient, enveloppe et connecte les cellules entre elles.
Ce maillage ne joue pas seulement un rĂ´le passif. Les cellules, en effet, ressentent les moindres variations de tension au sein de ce rĂ©seau et sont constamment informĂ©es des Ă©vĂ©nements se produisant Ă proximitĂ© ou mĂŞme Ă distance. Ainsi, le mĂ©tabolisme cellulaire est intimement liĂ© Ă l’environnement fascial dans lequel les cellules se trouvent.
Les chercheurs sont de plus en plus captivĂ©s par l’interaction entre les fascias et la biologie cellulaire. Une question majeure est de dĂ©terminer comment des forces mĂ©caniques exercĂ©es sur le fascia peuvent provoquer des changements neurophysiologiques et biologiques. Via un processus appelĂ© mĂ©canotransduction, les signaux mĂ©caniques transmis par les fascias sont convertis par les cellules en messages chimiques. Cette voie de communication semble fonctionner conjointement et en synergie avec le système nerveux.
Cela donne une perspective fascinante : les forces mĂ©caniques influencent de nombreux processus, qu’ils soient physiologiques ou pathologiques.
Ces dĂ©couvertes apportent une lumière nouvelle sur l’efficacitĂ© des thĂ©rapies manuelles axĂ©es sur les fascias. En Ă©tirant, tractant ou comprimant ces fascias, il est possible d’initier des rĂ©ponses d’autorĂ©gulation au sein des grands systèmes du corps.
Conclusion
Chacune de ces 5 propriĂ©tĂ©s permet Ă elle seule d’expliquer le rĂ´le fondamental de la FasciathĂ©rapie dans diverses pathologies telles que la fibromyalgie ( lire l’article), la dĂ©pression, les douleurs chroniques..
Pour en savoir plus sur la fasciathĂ©rapie, c’est ici
L’exploration profonde du fascia nous rappelle l’importance de ne jamais nĂ©gliger les composantes qui semblent, Ă première vue, secondaires ou banales de notre corps. Le fascia, loin d’ĂŞtre un simple tissu de soutien, est un Ă©lĂ©ment clĂ© de notre bien-ĂŞtre physique et mental. Sa capacitĂ© Ă interagir, Ă s’adapter et Ă communiquer avec les autres systèmes corporels en fait une cible thĂ©rapeutique de choix, notamment en FasciathĂ©rapie. Comprendre le fascia, c’est donc mieux apprĂ©hender notre corps dans sa globalitĂ©, offrant des perspectives innovantes pour le traitement de pathologies. Dans l’Ă©nigme complexe de la santĂ© humaine, le fascia pourrait bien ĂŞtre une des pièces maĂ®tresses permettant d’Ă©clairer notre comprĂ©hension et d’amĂ©liorer notre approche thĂ©rapeutique.
Sources : Courraud C. (2019) Fascias, le nouvel organe-clé de votre santé : Editions Leduc
Pour complĂ©ter vos connaissances sur le Fascia, il y a d’autres articles sur ce blog :
Recevez un questionnaire et choisissez les prochains sujets.
Soyez rassuré, votre vie privée est précieuse 🦋: votre adresse e-mail restera confidentielle.
Bonjour. Ayant une fibromyalgie, je suis interéssée par le sujet.
Bonjour, merci pour votre commentaire. oui bien sûr, un article sur la Fibromyalgie arrive prochainement!
Merci pour cet article hyper précis ! Je suis complètement ton raisonnement selon lequel Il existe un lien très fort entre la réaction du fascia et les émotions, en particulier celles qui ne sont pas exprimées ou traitées, qui peuvent y être « stockées ». Cela pourrait entraîner des tensions ou des déséquilibres dans ces tissus, pouvant affecter la posture, la mobilité et même la santé générale.
Merci ton retour ! Oui, on en découvre tous les jours un peu plus