Longtemps dévalorisée, l’écoute de soi est pourtant un pilier fondamental de la santé. En France, cette pratique a été discréditée au XXe siècle, perçue comme un signe de faiblesse ou d’égocentrisme. Et pourtant… dans un monde de plus en plus stressé, reconnecter à ses ressentis corporels devient une nécessité. Cet article explore ce paradoxe culturel et montre comment la fasciathérapie redonne toute sa place à cette compétence oubliée : s’écouter.
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ToggleQuand s'écouter devient suspect
En France, tout au long du XXe siècle, la notion de « s’écouter » a souvent été perçue de manière négative. Ce réflexe culturel s’est installé profondément, comme si prendre le temps de se tourner vers ses ressentis corporels et émotionnels relevait de l’oisiveté, voire de l’égocentrisme. Des expressions comme « Arrête de t’écouter » ou « Secoue-toi un peu » sont devenues courantes, laissant entendre qu’écouter son corps revenait à se laisser aller.
👉 Cette méfiance reste typiquement française. En Suisse, par exemple, l’écoute du corps s’intègre plus facilement dans les pratiques de soin et de prévention.
Cette injonction culturelle n’est pas anodine : elle reflète une époque marquée par la valorisation de l’effort, du dépassement de soi et de la performance. Dans ce contexte, les pratiques visant à favoriser l’écoute du corps — qu’il s’agisse de la relaxation, de la méditation ou de la gymnastique sensorielle — ont souvent été décriées comme des dérives sectaires ou des approches marginales.
La fasciathérapie : une pratique d'écoute corporelle méconnue
La fasciathérapie, pourtant, repose justement sur cette écoute fine du corps. Cette méthode associe un toucher manuel doux, des exercices de gymnastique sensorielle et des temps d’introspection guidée pour aider la personne à prendre conscience de ses sensations profondes.
Contrairement à d’autres approches purement techniques, la fasciathérapie ne cherche pas uniquement à « réparer » ou « corriger » le corps, mais vise à développer une perception fine des signaux internes. Cette attention particulière permet d’agir en amont des douleurs chroniques, des tensions et des déséquilibres corporels.
Le XXe siècle en France : la diabolisation de l'écoute de soi
Le rejet de l’écoute intérieure trouve ses racines dans des dynamiques sociologiques et historiques spécifiques. Au sortir des guerres mondiales, la reconstruction passait par le travail et l’effort collectif. Il fallait avancer, produire et reconstruire. Dans ce contexte, le corps était vu avant tout comme un outil à mobiliser et à discipliner.
Les pratiques d’écoute intérieure, perçues comme une forme de repli sur soi ou d’introspection excessive, ont donc été discréditées. Par ailleurs, dans les années 1970-1980, la montée de certaines dérives sectaires en France a renforcé cette méfiance. Des pratiques comme la méditation, la relaxation ou les thérapies psychocorporelles ont parfois été assimilées, à tort, à des formes de manipulation mentale. Ce climat de suspicion a contribué à marginaliser de nombreuses approches fondées sur l’écoute corporelle.
La fasciathérapie, avec son approche subtile et intérieure, s’est retrouvée indirectement impactée par ce rejet culturel. Pourtant, loin de tout ésotérisme ou dérive sectaire, cette méthode s’appuie sur une rigueur scientifique et pédagogique solide.
Le 1er congrès international de Fasciathérapie aura lieu à Vannes le 9 mai 2025; un rendez-vous à ne pas manquer. ( aussi en ligne et en replay)
Un paradoxe sociologique : entre rejet et besoin croissant
Ce rejet de l’écoute intérieure est d’autant plus paradoxal que les besoins en la matière n’ont jamais été aussi forts. Le stress, les douleurs chroniques ( comme la fibromyalgie) et les troubles psychosomatiques sont en partie liés à cette déconnexion avec soi-même. En valorisant uniquement la performance et la productivité, la société moderne a souvent coupé les individus de leur propre corps.
➜ Pour aller plus loin :
– Découvrez comment la gymnastique sensorielle soutient l’écoute de soi
– En savoir plus sur le rôle des fascias dans la santé globale
Conclusion : Réhabiliter l'écoute intérieure
Apprendre à s’écouter, ce n’est pas sombrer dans l’inaction ou le narcissisme. C’est au contraire cultiver une intelligence corporelle précieuse, capable d’agir comme un véritable guide pour mieux gérer sa santé et son énergie.
En fasciathérapie, cette écoute est une compétence à développer, une clé pour retrouver son équilibre et sa vitalité. Redonner à cette pratique ses lettres de noblesse est un enjeu majeur dans un monde où les injonctions à « faire plus » et « aller vite » restent omniprésentes.
Finalement, s’écouter ne devrait plus être perçu comme un luxe ou une faiblesse, mais comme une véritable force intérieure, un retour à soi essentiel pour avancer avec justesse et sérénité.
Berger-Grosjean E. Retrouver l’intelligence du corps. Une urgence dans nos organisations et nos modes de vie, Interéditions, 2019
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