Depuis longtemps, les praticiens en fasciathérapie constatent les effets profonds du toucher manuel sur l’état physique et émotionnel de leurs clients. Mais que peut en dire la recherche scientifique ?
Lors du dernier congrès de fasciathérapie, une conférence d’Aurélie Porcheron (ingénieure de recherche chez Chanel Parfums Beauté, spécialisée en neurosciences et psychologie cognitive) a apporté un éclairage inédit.
Elle a présenté plusieurs études cliniques évaluant les effets de massages inspirés de la fasciathérapie sur la peau, les émotions et la conscience corporelle. Ces travaux menés avec Hélène-Bourrhis-Bois et Danis Bois confirment ce que de nombreux praticiens pressentaient : le fascia est une voie d’accès au bien-être global, et le toucher en est un levier puissant.
Pour mieux comprendre le rôle du toucher dans la relation thérapeutique, découvrez aussi notre article : Le toucher de relation.
La conférence a d’abord rappelé ce que je vous répète en boucle sur ce blog 🙂 : le fascia est un tissu vivant et sensible, riche en récepteurs sensoriels, certainement plus que la peau elle-même.
Les fascias pour le rôle dans la proprioception, la nociception, mais aussi la régulation émotionnelle via le système nerveux autonome
Toucher la peau... pour toucher l'émotion
Les études menées par Aurélie Porcheron et son équipe ont porté sur des massage du visages et du haut du corps, réalisés selon des protocoles inspirés de la fasciathérapie, dans un cadre cosmétique mais avec des objectifs clairs : réduire l’anxiété, améliorer la qualité de la peau et renforcer le bien-être émotionnel.
Les résultats sont probants :
- Diminution de l’anxiété dès la 1ère séance, mesurée par des échelles cliniques ( STAI)
- Augmentation significative de l’ocytocine, hormone du lien et du réconfort, corrélée au sentiment de détente et de sécurité.
- Effets positifs sur la peau : rides atténuées, texture améliorée, et réorganisation des fibres du derme observées grâce à l’imagerie confocable.
- Renforcement de la conscience corporelle, mesuré par le questionnaire MAIA, y compris par le simple massage du visage.
Ces effets n’étonneront pas les fasciathérapeutes, mais ils donnent aujourd’hui un appui mesurable à ce que nous vivons en séance : le toucher doux, lent, profond, comme il est pratiqué en fasciathérapie, agit simultanément sur la peau et l’intériorité.
Ce que la science confirme de notre pratique
Ces études viennent nourrir la compréhension du travail que nous menons en cabinet :
Le fascia est un médiateur entre peau et cerveau.
La qualité du toucher est déterminante. Un toucher relationnel, non invasif, ouvre à la détente et au lien intérieur.
Le massage facial, souvent considéré comme accessoire, a des effets globaux sur l’état d’être, y compris sur le sommeil, la conscience du corps et la perception émotionnelle.
Autrement dit : ce que nous faisons dans une séance de fasciathérapie ne relève pas du simple confort physique. C’est un acte de soin intégratif, profond, global.
Et après la séance?
L’un des point clés évoqué en fin de conférence est l’importance de prolonger les effets au-delà du cabinet. Car si les effets sont bien mesurables, ils tendent à m’atténuer une fois la prise ne charge terminée.
Une piste envisagée par l’équipe de recherche : proposer des gestuelles d’auto-toucher inspirées de la fasciathérapie, à faire chez soi. L’expérience montre qu’une pratique quotidienne simple peut améliorer durablement le sommeil et le bien-être, tout en consolidant les bénéfices émotionnels.
Une voie à explorer pour notre profession
Ces études, bien qu’inscrites dans le domaine de la cosmétique, ouvre une perspective stimulante pour la fasciathérapie. Et si demain, ces recherches inspiraient d’autres recherches cliniques?
En attendant, elles renforcent une certitude : le fascia, touché avec attention est une porte vers un mieux-être profond. Et la fasciathérapie, avec sa lenteur, est l’une des voie les plus fines pour y accéder.
🎓 Vous souhaitez découvrir d’autres études cliniques sur la fasciathérapie ?
👉 Bientôt un article sur la recherche menée sur la lombalgie, par Isabelle Bertrand.
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